Exploitation minière

Principales conclusions de l’analyse des données relatives à l’industrie minière pour 2022

Mis en ligne en avril 2022, l’ensemble de données relatif à l’industrie minière de Forests & Finance met en évidence les crédits et investissements ayant bénéficié à 23 sociétés minières actives dans les trois principaux bassins forestiers tropicaux du monde. L’exploitation minière est à l’origine de nombreux effets négatifs en matière sociale et environnementale dans le monde entier et est un facteur important de déforestation dans plusieurs régions tropicales. Les principaux résultats des recherches présentés ci-dessous révèlent que les banques ont accordé des crédits d’un montant total de 37,7 milliards d’USD à l’industrie minière entre 2016 et 2021 et que 43 % (16 milliards d’USD) des crédits concernent des sociétés actives en Asie du Sud-Est. Les investisseurs détiennent des actions et obligations des sociétés évaluées d’une valeur supérieure à 61 milliards d’USD et 55 % de ces actifs (39 milliards d’USD) concernent des sociétés actives en Amérique latine.

Crédits et investissement par région menacée par la déforestation

Régions menacées par la déforestationCrédits accordés entre 2016 et 2021Niveau d’investissement en Janvier 2022
Afrique centrale et Afrique de l’Ouest10,8 milliards d’USD11,4 milliards d’USD
Amérique latine10,8 milliards d’USD33,8 milliards d’USD
Asie du Sud-Est16,1 milliards d’USD15,9 milliards d’USD
Total37,7 milliards d’USD61,1 milliards d’USD

Avec 6,6 milliards d’USD, des États-Unis sont les premières sources de crédits durant la période étudiée et la majorité des crédits qu’elles ont consentis a profité à des sociétés actives en Asie du Sud-Est et en Amérique latine. Elles sont suivies par les institutions financières du Japon, qui ont consenti 6 milliards d’USD à des sociétés actives en Asie du Sud-Est, puis du Canada, qui ont accordé 4,2 milliards d’USD, principalement à des sociétés actives en Amérique latine, en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.

Top 10 des pays d’origine des crédits par région menacée durant la période 2016-2021 (en milliards d’USD)

Les 15 principaux créanciers sont les banques d’Amérique du Nord Citigroup (2,9 milliards d’USD), Bank of America (1,4 milliard d’USD), JPMorgan Chase (1,2 milliard d’USD), BMO (1 milliard d’USD), Royal Bank of Canada (1 milliard d’USD) et Scotiabank (1 milliard d’USD) ; les banques européennes BNP Paribas (2,4 milliards d’USD), Standard Chartered (1,7 milliard d’USD), HSBC (1,2 milliard d’USD) et Crédit Agricole (1 milliard d’USD) ; et les banques d’Asie de l’Est SMBC (2,3 milliards d’USD), Maybank (1,2 milliard d’USD), Mizuho (1,2 milliard d’USD), CIMB (1 milliard d’USD) et Bank of China (1 milliard d’USD).

Top 15 des créanciers par région menacée durant la période 2016-2021 (en millions d’USD)

Parmi les 10 premiers groupes bénéficiaires des crédits évoqués, on retrouve Glencore, qui a été pointé du doigt pour les mauvaises conditions de travail dans ses sites d’exploitation et la pollution de l’environnement en République démocratique du Congo ; Vale, qui est mis en cause dans des conflits avec des peuples autochtones et des communautés traditionnelles au Brésil ; et Freeport-McMoRan, qui a pollué des cours d’eau et été critiqué pour avoir alimenté des conflits armés en Papouasie, en Indonésie.

Top 10 des groupes bénéficiaires de crédits durant la période 2016-2021 (en milliards d’USD)

Investissement

Les principaux pays d’origine de l’investissement dans les sociétés minières sont les États-Unis (37,8 milliards d’USD), le Brésil (9,2 milliards d’USD), le Royaume-Uni (2,4 milliards d’USD), l’Afrique du Sud (2,2 milliards d’USD) et le Canada (1,7 milliard d’USD). Une nouvelle fois, la part du lion revient à Vale (24,7 milliards d’USD), Freeport-McMoRan (12,5 milliards d’USD), Anglo American (5 milliards d’USD), Glencore (3,7 milliards d’USD) et Rio Tinto (3,1 milliards d’USD). Détenant respectivement un portefeuille d’actions et d’obligations de 9,6 milliards d’USD et 8,1 milliards d’USD en février 2022, Capital Group et Blackrock sont de loin les deux premiers investisseurs.

Top 10 des investisseurs, en janvier 2022 (en millions d’USD)

Méthodologie

Forests & Finance a analysé les flux financiers ayant bénéficié à 22 sociétés minières de tailles différentes potentiellement impliquées dans la déforestation en Amérique du Sud, en Afrique centrale, en Afrique de l’Ouest et en Asie du Sud-Est. Les données relatives aux crédits concernent la période allant de 2016 à 2021 (avril, juillet ou novembre en fonction des données disponibles pour chaque société) et les données relatives aux investisseurs concernent les positions connues en janvier 2022.

Pour repérer les prêts et facilités de garantie accordés aux sociétés retenues, nos équipes de recherche ont consulté les bases de données financières Bloomberg, Refinitiv (anciennement Thomson EIKON), TradeFinanceAnalytics et IJGlobal. Nous avons également exploité des rapports (annuels, intermédiaires, trimestriels) et autres publications des sociétés, des registres de sociétés ainsi que des rapports de médias et d’analyse.  

Les investissements en obligations et en actions concernant les sociétés retenues ont été recensés grâce à Refinitiv, Thomson EMAXX et Bloomberg, et les informations étaient à jour en janvier 2022. Des facteurs d’ajustement géographique ont été appliqués aux données collectées.

Afin de présenter de façon plus exacte la part des financements des sociétés étudiées pouvant être raisonnablement rattachée aux secteurs potentiellement impliqués dans la déforestation, nous appliquons des facteurs d’ajustement aux montants correspondant aux financements des sociétés qui ne travaillent pas exclusivement dans ces secteurs. Nous avons calculé d’autres facteurs d’ajustement pour les sociétés dont les opérations s’étendent sur plusieurs régions entrant dans le champ de ces recherches.